Guinée : La passion de la jeunesse, flemmardise ou football ?

Article : Guinée : La passion de la jeunesse, flemmardise ou football ?
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16 janvier 2018

Guinée : La passion de la jeunesse, flemmardise ou football ?

« …As-tu été en boîte le samedi passé ? Mais oui ! On s’est bien éclaté ! As-tu regardé la ligue des champions la nuit passée ? C’était un match prodigieux. Le but de CR7 était inimaginable. Un véritable coup de missile. Et le but de Messi ? Non ! C’était un hors-jeu. L’arbitre nous a triché… ! ». Toute cette discussion frivole déboule autour de l’habituelle marmite « Attayah » stimulée par un enchaînement de musique dont on ne sait décortiquer vraiment le sens. Ma jeunesse n’est-elle pas victime de flemmardise ? C’est le moins qu’on puisse dire ! Elle s’enlise à la fois dans la musique, la danse,  le football, les jeux de hasards, les stupéfiants et les night-clubs. Et pourtant par son dynamisme, elle est le relais, le socle d’une expansion de notre pays. N’est-ce pas une désolation ! Je prends exemple sur ce jeune X.

Au petit matin, au moment où le soleil scintille à l’horizon. Il sort de son sommeil cauchemardeux la tête lourde, la bouche recouverte de salives, la mine écarlate. Pouf ! Il se douche et pique le petit déjeuner avec un pain sec rempli de haricots noirs. Oh ! N’est-il pas 9h, il va naturellement écouter l’émission des Grandes Gueules. Des écouteurs aux oreilles, il sort rejoindre ses potes dans la cabane (le ghetto…°).

Sans blague ! C’est un monde connu du public où il est difficile de s’évader. Un lieu de bavardages, de cacophonies où les marmites de thé rivalisent sur les petits fourneaux. D’un moment à l’autre, les controverses débutent, football en primo, politique en secundo et ainsi de suite.

  • Quand X dit  » Man on a gagné hier soir ! Messi a fait un triplé. C’est un génie.  » Y rétorque :  » Non c’était purement de la chance. Tu verras notre match, CR7 marquera plus de buts. « 

Simultanément, le père de famille fauché jusqu’au coup, en lacune de dépenses s’enfuit subitement le matin pour se dérober à la vue des enfants. Une dérobade du « vieux père » devant ses responsabilités. Eh bien, il rejoint son endroit favori : les kiosques de café noir où jeux de hasard règnent en maître. A commencer par le PMU (je parie que vous allez perdre), le Guinée Games (million wanwaran)…

Dès l’instant, il se tape une demi-tasse de café noir. Eh oui ! Tout est à demi dans ces bars. Rien de complet. Il y passe presque toute la journée en combinant des probabilités numériques sur les jeux. Rare qu’il amasse quelque fortune. Toute la dépense y passe.

Le soir affamé, il reprend la direction de la maison pour guetter. Madame a-t-elle fini sa cuisine ? Triste réalité que traverse la plupart des pères de famille de ma Guinée.

Les femmes battantes pour leur famille

De son côté, Madame se démerde très tôt pour chercher quoi mettre sur le feu. Pour ce faire, la femme est obligée d’aller cueillir des poissons au port de Bonfi ou de Kaloum puisque le mari ne s’acquitte plus de son obligation. Additionner de quelques condiments, elle en revend à bon prix. Une manière commode de se procurer de quoi passé cette journée atroce. Une situation fâcheuse dont ordinairement sont victimes les femmes à Conakry. Cruels certains hommes !

En outre, au jeune homme, finissant ses babillages autour de la casserole de thé où « show blanc » et « Show bleu » se font un concours d’alternance. Je ne parle pas des « Sow » au risque de me faire reprocher. Il débarque retrouver le manger durement préparé par Maman. Un riz caduc importé de Bengladesh ou je ne sais d’où (puisqu’incapable jusque-là de produire ce que nous consommons).  Dur, cassant et bien huilé, il gobe cela rapidly et reprend la tangente sans même dire merci à Maman. Une salle habitude qu’ont certains jeunes vis-à-vis de leurs parents. Dommage ! Ce riz risque fort bien de causer lors du passage dans son duodénum de véritables problèmes diarrhéiques et intestinaux. C’est dire qu’avec la misère,  on ne cherche plus ce dont l’organisme a besoin (vitamines, sels minéraux, énergies…). L’important, c’est de remplir le gros ventre quoi qu’il en soit. Comme un ballon.

Vers 16h, direction le terrain ! A l’évidence, quand vous sillonnez les rues de Conakry vous vous rendrez compte combien de fois cette jeunesse guinéenne chérit le ballon rond. C’est sa passion. Voyant cela, je puis considérer ma Guinée sans aucun doute comme étant : « le Brésil de l’Afrique ». Eh oui ! Ils jouent du matin au soir, ces jeunes.

L’enthousiasme grandissant pour le football

Le classico Barcelone-Real Madrid reste inénarrable. Tant l’enthousiasme est palpable. Dans la soirée, les vidéoclubs sont inondés. Les amateurs du foot s’y agglutinent en masse. L’atmosphère à l’intérieur est irrespirable et inaudible tant par les acclamations chaudes dès lors que les stars défoncent les filets. Un moment pour le gérant d’amasser quelques francs.

Sur la même lancée, une occasion appropriée pour moi de dire que le ministère en charge du sport doit se grouiller pour prêter main forte à ces jeunes footballeurs talentueux car j’en connais beaucoup, bon nombre d’entre eux qui croupissent dans le désespoir, devenant ainsi accros et indécrottables aux chanvres indiens, aux tabacs…

La passion pour les nigh-clubs

C’est manifestement pendant les weekends qu’il devient dangereux. Fringué en mode X, il retrouve ses potes. Drôlement attifés, ils se dégotent une caisse par n’importe quel moyen. Ils prennent la direction des night-clubs (Crisber peut être…) où d’autres armadas de jeunes s’affolent et dandinent à l’exemple d’une personne piquée par les fourmis. Danses, boissons alcooliques et prostitutions ne sont exempts. Après le tralala, direction le retour. Tout le groupe y compris les filles s’assemble dans la bagnole. Musique à fond, le driver ivre, ce dernier roule à la manière du TGV. Fumants et buvants, ils s’en foutent et c’est the life !

C’est dans cette optique qu’on recueille le lendemain dans nos transistors, un accident est survenu sur la route (le prince, l’autoroute …) la veille. Des jeunes revenants d’une boite de nuit se sont écrasés dans un faussé. Aucun survivant ! Tous, des jeunes à la fleur de l’âge. L’un, fils d’un imam, l’autre d’un prof ou d’un ministre.

Avez-vous d’autres exemples de ce genre ?

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